martes, 8 de septiembre de 2015

OMS | Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine)

OMS | Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine)



Maladie de Chagas (trypanosomiase américaine)

Aide-mémoire N°340
Février 2015

Principaux faits

  • On estime que 6 à 7 millions de personnes dans le monde sont infectées dans le monde principalement en Amérique latine.
  • On observe la transmission dans les Amériques. L’insecte vecteur est une variété de punaise, appelée triatome ou réduve, porteuse du parasiteTrypanosoma cruzi, à l’origine de la maladie.
  • La maladie de Chagas était jadis entièrement confinée à la Région des Amériques – principalement l’Amérique latine – mais elle s’est maintenant propagée à d’autres continents.
  • La maladie de Chagas est guérissable si le traitement est institué peu de temps après l’infection.
  • Lors de la phase chronique de la maladie, le traitement médicamenteux peut prévenir ou empêcher la progression de la maladie.
  • Jusqu’à 30% des personnes infectées de façon chronique présentent des troubles cardiaques, et jusqu’à 10% des troubles digestifs, neurologiques ou les deux à la fois, ce qui impose un traitement particulier.
  • La lutte antivectorielle est la méthode la plus efficace pour prévenir la maladie de Chagas en Amérique latine.
  • Le dépistage de la maladie dans le sang est essentiel pour prévenir l’infection par le biais de la transfusion et des greffes d’organe.
  • Il est essentiel de diagnostiquer l’infection chez la femme enceinte, le nouveau-né et la fratrie.

La maladie de Chagas, connue également sous le nom de trypanosomiase américaine, est une maladie potentiellement mortelle provoquée par un protozoaire,Trypanosoma cruzi (T. cruzi). On la trouve principalement dans les zones d’endémie de 21 pays d’Amérique latine (1) , où elle est la plupart du temps transmise à l’homme par contact avec les déjections de triatome, variété de punaise portant différents noms selon la région géographique.
On estime que 6 à 7 millions de personnes dans le monde sont infectées, principalement en Amérique latine où la maladie est endémique. Le coût du traitement reste élevé. Uniquement en Colombie, on estime à environ 267 millions de dollars (US$) le coût annuel des soins médicaux dispensés aux personnes atteintes en 2008. L’épandage d’insecticide pour la lutte antivectorielle reviendrait à près de 5 millions par an.
La maladie a été baptisée du nom de Carlos Ribeiro Justiniano Chagas, le médecin brésilien qui l’a découverte en 1909.

Répartition

La maladie de Chagas sévit principalement en Amérique latine. Toutefois, au cours des dernières décennies, elle a été dépistée de plus en plus souvent aux États-Unis d’Amérique, au Canada, dans de nombreux pays d’Europe et dans certains pays du Pacifique occidental. Cette propagation est principalement due à la mobilité de la population entre l’Amérique latine et le reste du monde.

Signes et symptômes

La maladie de Chagas se présente en deux phases. La première, la phase aiguë, dure environ deux mois. Au cours de celle ci, un nombre élevé de parasites circulent dans le sang. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de symptômes ou des symptômes bénins, fièvre, céphalées, lymphœdème, pâleur, douleurs musculaires, difficultés respiratoires, œdème et douleurs abdominales ou thoraciques. Chez moins de 50% des personnes piquées par un triatome, les premiers signes visibles caractéristiques peuvent être une lésion cutanée ou un œdème violacé des paupières d’un œil.
Au cours de la phase chronique, les parasites se cachent principalement dans le muscle cardiaque et les muscles digestifs. Jusqu’à 30% des patients souffrent de troubles cardiaques et jusqu’à 10% de troubles digestifs (généralement méga œsophage ou mégacôlon), neurologiques ou les deux à la fois. Les dernières années, l’infection peut conduire au décès soudain ou à une insuffisance cardiaque provoquée par la destruction progressive du muscle cardiaque.

Transmission

En Amérique latine, T. cruzi est principalement transmis par les déjections infectées de triatomes hématophages. Ces triatomes (sorte de punaises) vivent généralement dans les fentes des murs des habitations précaires en milieu rural ou suburbain. Ils se cachent généralement pendant la journée et sortent la nuit pour se nourrir de sang humain. Ils piquent généralement une zone de peau exposée comme le visage, et défèquent à proximité de la piqûre.
Les parasites pénètrent dans l’organisme lorsque la personne se frotte ou se gratte instinctivement et fait pénétrer les déjections dans la lésion, les yeux, la bouche, ou toute autre altération de la peau.
T. cruzi est également transmis par:
  • des aliments contaminés par T. cruzi, par exemple par contact avec des déjections de triatomes;
  • par transfusion de sang de donneurs infectés;
  • par passage d’une mère infectée à son enfant pendant la grossesse ou l’accouchement;
  • par transplantation d’organes de donneurs infectés;
  • lors d’accidents de laboratoire.

Traitement

Pour éliminer le parasite, la maladie peut être traitée au moyen de benznidazole ou de nifurtimox. Les deux médicaments sont efficaces à près de 100% et permettent de guérir la maladie s’ils sont administrés suffisamment tôt après l’infection, dès le début de la phase aiguë. Leur efficacité diminue toutefois avec l’ancienneté de l’infection. Le traitement est également indiqué pour les personnes chez qui l’infection a été réactivée (par exemple en raison d’une immunodépression), pour les nourrissons présentant une infection congénitale et pour les patients au cours de la phase chronique précoce.
Les adultes infectés, notamment ceux qui ne présentent aucun symptôme, devraient se voir proposer un traitement. Les avantages potentiels du traitement médicamenteux pour prévenir ou retarder le développement de la maladie de Chagas devraient être pesés en tenant compte de la durée prolongée du traitement (jusqu’à 2 mois) et des réactions indésirables possibles (qui surviennent dans un pourcentage de patients pouvant aller jusqu’à 40%).
Le benznidazole et le nifurtimox ne devraient pas être administrés aux femmes enceintes ni aux personnes souffrant d’insuffisance rénale ou hépatique. Le nifurtimox est également contre-indiqué pour les personnes présentant des antécédents de troubles neurologiques ou psychiatriques.
De plus, un traitement spécifique des manifestations cardiaques ou digestives peut s’avérer nécessaire.

Lutte et prévention

Il n’existe pas de vaccin contre la maladie de Chagas. La lutte antivectorielle est la méthode la plus efficace pour prévenir la maladie de Chagas en Amérique latine. Un dépistage sanguin est nécessaire pour prévenir l’infection consécutive à une transfusion ou à une transplantation d’organe.
À l’origine (>9000 ans), T. cruzi ne touchait que les animaux sauvages. Il s’est ensuite propagé aux animaux domestiques et aux personnes. En raison de la taille du réservoir du parasite chez la faune sauvage dans les Amériques, il ne peut être éradiqué. Par contre, les objectifs de la lutte sont d’éliminer la transmission et de donner accès aux soins de santé aux personnes infectées et malades.
T. cruzi peut infecter plusieurs espèces de triatomes, dont la majorité sont présentes dans les Amériques. Selon la zone géographique, l’OMS recommande les méthodes suivantes de prévention et de lutte:
  • pulvérisation d’insecticides à effet rémanent dans les maisons et les zones environnantes
  • améliorations apportées aux habitations pour prévenir l’infestation par des vecteurs;
  • mesures de prévention personnelle telles que les moustiquaires;
  • bonnes pratiques d’hygiène lors de la préparation des aliments ou de leur transport, leur stockage et leur consommation;
  • dépistage des donneurs de sang;
  • dépistage des donneurs et des receveurs d’organes, de tissus ou de cellules;
  • dépistage des nouveau-nés de mères infectées, et des frères et sœurs d’enfants infectés pour assurer un diagnostic et un traitement précoces.

La réponse de l’OMS

Depuis les années 1990, d’importants succès ont été remportés dans la lutte antivectorielle et antiparasitaire en Amérique latine, dans les territoires des pays du Cône Sud, en Amérique centrale, dans le cadre des initiatives du Pacte andin et de l’Initiative intergouvernementale amazonienne, avec le Secrétariat technique de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS). Ces initiatives multinationales ont entraîné des réductions importantes de la transmission par les vecteurs domestiques.
En outre, le risque de transmission par transfusion sanguine a été sensiblement réduit dans toute l’Amérique latine. Ces progrès ont été rendus possibles en raison du fort engagement des États Membres d’endémie et de la solidité de leurs organismes de recherche et de lutte, alliés à l’appui de nombreux partenaires internationaux.
Mais il reste une série de problèmes à résoudre, à savoir:
  • la pérennisation, le maintien et la consolidation des progrès en matière de lutte;
  • l’émergence de la maladie de Chagas dans des régions précédemment considérées comme indemnes – comme le bassin amazonien;
  • la persistance de la maladie dans des régions où la lutte avait progressé – telles que dans la région de Chaco en Argentine et en Bolivie;
  • la dissémination, principalement due à une mobilité accrue de la population entre l’Amérique latine et le reste du monde;
  • l’extension de l’accès au diagnostic et au traitement à des millions de personnes infectées.
Pour atteindre l’objectif de l’élimination de la transmission de la maladie de Chagas et fournir des soins de santé aux personnes infectées ou malades, tant dans les pays d’endémie que dans les autres, l’OMS vise à développer des réseaux au niveau mondial et à renforcer les capacités régionales et nationales, en se concentrant sur les points suivants:
  • renforcement des systèmes d’information et de surveillance épidémiologique mondiale;
  • prévention de la transmission par transfusion sanguine et transplantation d’organes dans les pays d’endémie et de non endémie;
  • promotion de la recherche de tests de diagnostic pour le dépistage et le diagnostic de l’infection;
  • élargissement de la prévention secondaire de la transmission congénitale et prise en charge des cas d’infections congénitales et non congénitales;
  • promotion d’un consensus sur une prise en charge adéquate des cas.

(1) Argentine, Belize, Bolivie (État plurinational de), Brésil, Chili, Colombie Costa Rica, El Salvador, Équateur, Guatemala, Guyana, Guyane française, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Suriname, Vénezuela (République bolivarienne du) et Uruguay.
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